Il y a trois siècles, le dimanche 23 septembre 1714, entre deux et trois heures de l’après-midi, un pan entier du flanc sud du massif des Diablerets s’effondre sur l’alpage de Derboreintze, entraînant violemment hommes et bêtes dans une marée de pierres.
Des rochers de toutes tailles chutent, s'entrechoquent, roulent, certains couvrant une distance jusqu'à cinq kilomètres, dans un vacarme qui s’entend jusqu’à Bex. Des nuages de poussière assombrirent subitement le ciel, transformant le jour en une nuit profonde. Un seul corps en a été ressorti, les autres sont restés à jamais dans la montagne, si profondément ensevelis sous les pierres, sans aucun espoir de les dégager un jour.
De cette tragédie, l'histoire retient 15 morts, 55 chalets engloutis, et plus d'une centaine de vaches écrasées.
Les années suivantes, malgré les peurs, l’alpage est à nouveau occupé. Mais 35 ans plus tard, en juin 1749, lorsque de nouveaux bruits se font entendre, tout le monde déserte l’alpage. Un pan de la Tête de Barme s’effondre et engloutit 40 chalets, sans victime cette fois-ci. C’est lors de ce deuxième éboulement que le lac de Derborence s’est formé, devenant le plus jeune lac naturel d’Europe.