Lorsque les feuilles quittent les branches dans un festival de couleurs, la saison des amours débute pour les mouflons. Trapus et massifs, ces ongulés très discrets au pelage marron ou fauve se fondent dans la végétation automnale.
Une face busquée, d’épaisses cornes en volutes, un jabot aux longs poils sombres, presque noirs, une tache dorsale éclatante… Malgré leur petite taille, les mâles en imposent par leur prestance. La grandeur des cornes et la surface de la tache blanche, appelée selle, sont des signes de supériorité par rapport à leurs congénères.
En octobre, les béliers se déplacent beaucoup, parcourant les vastes espaces caillouteux, éboulis, vires rocheuses et pentes herbeuses hérissées d’arbustes. Ils sont à l’affût : quelles brebis parviendront-ils à séduire pour assurer la reproduction ? Toutes ne sont de loin pas consentantes. Ceux qui présentent une puissante musculature ont plus de chance d’arriver à leurs fins que les jeunes mouflons qui seront vite rappelés à l’ordre s’ils tentent d’attirer l’attention des femelles. Deux mâles s’affairent auprès de l’une d’elles. Affrontement, coups de cornes… Le moins costaud a compris : il s’éloigne. Babines retroussées, le vainqueur hume les effluves de sa préférée, prélève quelques gouttes d’urine afin de connaître son état de réceptivité, la poursuit, cou tendu, frappe son arrière-train de sa patte avant droite, lui touche l’épaule, mordille sa laine, émet des cris rauques, sortant et rentrant sa langue sans cesse…. Un manège auquel certaines coquines restent insensibles ; elles ne sont pas encore prêtes pour l’accouplement. Quand la femelle est réceptive, elle excite le bélier en se frottant contre son poitrail, lui touche l’épaule ou lui chatouille le menton. Si elle estime qu’il ne se dépense pas suffisamment, elle le plantera pour un autre plus viril