L'Illgraben est l'un des torrents les plus actifs du Valais. Les roches friables qui s'y trouvent réunies, l'action des agents de l'altération, ainsi que la disposition hydrologique qui concentre les eaux, se conjuguent pour que l'érosion y soit intense. Cette abrasion de la montagne se fait exporter par les flots hors du vallon de l'Illgraben pour former le cône de Finges.
Ce cône presque parfait, haut d'environ 200 m, barre toute la vallée et seul le Rhône a été assez puissant pour le contrer. Pourtant l'Illgraben est tenace … lors de ses crues, il colore le Rhône de teinte jaunâtre bien plus loin que Sion. Sa marque, les sédiments, se retrouvent à l'extrême ouest du bois de Finges. A chaque visite, dans les entrailles du monstre, le paysage est différent, preuve du dynamisme de l'Illgraben. Ici, en quelques années les processus naturels d'érosion en chaîne, à l'œuvre dès la surrection des Alpes il y a 60 millions d'années, sont visibles à l'œil nu. C'est donc un laboratoire rêvé pour les géologues qui étudient la "destruction" des montagnes.
Outre son intérêt scientifique, des chercheurs de partout à travers l'Europe s'y rendent, l'activité de l'Illgraben a marqué la vie régionale. En effet, une "souste" désigne le lieu où, lorsque les déplacements se faisaient à pied, on engageait un guide pour traverser un passage délicat et où on pouvait aussi changer de monture. Les voyageurs en provenance du nord (Gemmi) ou de l'Est (Goms ou Simplon) devaient probablement s'adjoindre un guide pour passer le cône de Finges. En effet, entre La Souste et le domaine de Finges, le chemin devait être continuellement arraché par les laves torrentielles issues du ravin caché par le Gorwetsch. Aujourd'hui, la conséquence de ces événements est de rajeunir la surface du cône et de permettre de conserver une végétation pionnière de haute valeur biologique du fait de sa rareté.