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Des oiseaux et des papillons qui migrent vers le nord à la recherche de températures plus fraîches, des reptiles et amphibiens qui subissent l’impact sur leurs habitats de reproduction. Les effets, nombreux et complexes, du changement climatique sur la biodiversité sont de plus en plus documentés.
Partout, la biodiversité recule, avec des réactions en chaîne et les effets de ces changements climatiques sur les écosystèmes et la biodiversité sont déjà conséquents. C’est l’objet d’une vaste étude de l’Académie des sciences PNAS, à Boston, qui vise à mieux saisir l’adaptabilité des écosystèmes aux dérèglements climatiques, afin de minimiser les impacts de ces derniers. Lundi 25 septembre 2017, cette institution a publié le fruit de deux années de travaux sous la forme d’un rapport de 160 pages auquel ont contribué 32 scientifiques français. Les auteurs dressent des recommandations, destinées aux ministères de la transition écologique, de l’agriculture et de la recherche, parmi lesquelles la création d’observatoires de la biodiversité.
Sélection naturelle
Comment la biodiversité réagit-elle à la hausse des températures moyennes d’environ 1 °C depuis l’ère préindustrielle ? Le premier effet est celui du déplacement vers les pôles, les sommets des montagnes ou les profondeurs des océans. Les études scientifiques montrent qu’en moyenne les espèces animales terrestres migrent vers le nord de 17 kilomètres par décennie et les espèces marines de 72 kilomètres, avec de grandes disparités toutefois. Des insectes ravageurs des forêts tels la processionnaire du pin sont capables de suivre rapidement le déplacement de leur niche climatique (c’est-à-dire les conditions de température ou de précipitations idéales pour leur reproduction et donc leur survie), au contraire des arbres, qui sont plus lents. Pour les espèces qui ne peuvent ni se déplacer, ni changer de comportement ou tolérer des variations, intervient alors la sélection naturelle : certaines sont privilégiées tandis que d’autres disparaissent.
Désynchronisation des réponses entre espèces
« Au-delà des organismes individuels, tout l’enjeu est de tenir compte des interactions entre les espèces, explique Sandra Lavorel, écologue au laboratoire d’écologie alpine de Grenoble, qui a coordonné l’étude. Il peut y avoir une désynchronisation des réponses entre individus, de sorte que l’on ne peut pas forcément prévoir la manière dont l’ensemble d’un écosystème va s’adapter au changement climatique. » La date de floraison de certaines plantes peut ainsi se voir avancée en raison de la hausse des températures et ne plus correspondre à l’arrivée de pollinisateurs. De la même façon, s’il fait plus chaud au printemps, la naissance des petits des mésanges risque de survenir à un moment où les chenilles sont déjà devenues des papillons, limitant donc leur nourriture. A l’inverse, un printemps froid réduit la disponibilité en végétaux pour les cerfs, les chamois ou les bouquetins au moment de la mise bas, ce qui compromet leur survie des jeunes. Ces changements globaux peuvent déboucher sur d’importants déséquilibres. C’est le cas lorsque les insectes ravageurs se déplacent plus rapidement vers les pôles que les prédateurs susceptibles de les limiter. Ou quand des espèces arrivent dans de nouveaux territoires et entrent en compétition avec la faune et la flore déjà présentes.
Apparition de maladies dans de nouvelles régions
« La redistribution du vivant a des impacts plus importants que ce que l’on imaginait et qui vont bien plus loin que la simple biodiversité, avertit Jonathan Lenoir, maître de conférences en biostatistiques à l’université de Picardie Jules-Vernes, à Amiens. Elle nous affecte également tant nous dépendons du bon fonctionnement des écosystèmes pour notre alimentation, notre santé, notre bien-être ou nos activités. » Dans une étude publiée dans la revue Science en mars, il montrait, avec 40 autres chercheurs, que le réchauffement, en affectant la biodiversité, entraîne l’apparition de maladies dans de nouvelles zones.