En Valais, la forêt joue un rôle protecteur qui a été longtemps sous-estimé. Les habitants des villages ont longtemps surexploité les forêts car c’était une question de survie.
La forêt fournissait non seulement le bois pour la construction et pour l’outillage (bâtiments, ponts, barrières, etc.) mais aussi le précieux bois de chauffage sans lequel on grelotait comme le bonhomme Eskimo durant une bonne partie de l’année.On y allait aussi récolter le bois nécessaire au potager sur lequel on faisait cuire la soupe et les kroè-botches (petits enfants) y conduisaient quotidiennement le troupeau de chèvres... On y ramassait aussi en cachette la mousse et le dè qui servaient de litière pour le bétail, et le bois mort... Sans parler des coupes de bois clandestines que l’on effectuait à l’arraché les nuits sans lune, ni vu ni connu! Pas vu, pas pris!
Bref, la forêt était un élément absolument vital qui faisait partie de la vie quotidienne de chaque Valaisan.
Au fil des siècles, certaines communautés villageoises surexploitèrent a un tel point leurs forêts protectrices qu’elles mirent en danger la sécurité et l’existence mêmes des villages. Ce fut notamment le cas à Salvan où des coupes noires affaiblirent les forêts protectrices à un tel point au 18e siècle que les villages de Salvan, Les Granges et Les Marécottes furent menacés par de terribles avalanches qui firent d’immenses trouées dans le tissu forestier durant la fin du siècle et le début du suivant. Ces terribles avalanches, dont les Anciens conservent encore le souvenir transmis par leurs pères, s’arrêtèrent souvent à quelques centaines de mètres en amont des villages, semant l’effroi et l’angoisse parmi la population locale. On en voit encore les cicatrices aujourd’hui dans les forêts et ce n’est pas un hasard si celles-ci furent par la suite « mises à ban »: il y était formellement interdit d’y couper des arbres, d’y ramasser du bois et même de s’y aventurer avec du menu bétail sous peine d’amendes ou de châtiments corporels pour les contrevenants. Rien que dans la vallée du Trient, on ne compte plus les forêts appelées « Ban de... », telles le Ban des Granges, le Ban des Tsoumes, le Ban des Jeurs, le Ban du Taque, etc. Toutes ces désignations signalent des forêts protectrices sans lesquelles les villages situés en contrebas seraient balayés par des avalanches. Sans elles, aucune vie possible dans nos vallées latérales.
Pensez-y la prochaine fois que vous irez vous balader en forêt! Merci les arbres d’avoir réchauffés et nourri nos aïeux, de leur avoir fournis le bois pour construire leurs maisons et leurs alpages, de les avoir protèges des siècles durant contre la Mort Blanche. Sans eux, on ne serait certainement pas ici aujourd’hui et notre beau canton ne serait pas devenu ce petit paradis où il fait si bon vivre...