Février 1959, la menace s'alourdit sur Herbriggen. Le fœhn pourrait provoquer la catastrophe. La situation s'aggrave d'heure en heure au Nadelhorn, montagne qui surplombe ce village de la vallée de Saint-Nicolas. Le danger d'éboulements s'amplifie.
« Si les gens du village voyaient ce qui se prépare là-haut, ils quitteraient immédiatement la commune », avait déclaré Hermann Geiger à son retour d’une reconnaissance officielle en hélicoptère sur place en compagnie du Dr Winterhalter, géologue. Geiger ayant pu atterrir à une centaine de mètres du point névralgique, les deux hommes ont longuement exploré la masse en mouvement « Il faut deux heures pour en faire le tour dans des conditions périlleuses et l'on peut entendre des craquements incessants sur une surface de près de 15.000 mètres carrés ». Pressentant le danger, le 9 février 1959, les 300 habitants du village d’Herbriggen ont abandonné leur village, et des mesures de sécurité ont été instaurées.
En mars 1959, sur la base des observations faites dans le « Rutsch gebiet », le Dr Winterhalter en arriva aux constatations suivantes «A la Gugla, il ne s'agit pas d'un glissement de terrain, mais d'une masse d'éboulis en suspension (« Gehängeschuttmasse ») se composant de décombres et de glace ; par suite de processus de fonte, cette masse se tasse lentement sur elle-même et exécute de petits mouvements localisés. Jamais, ni dans son ensemble, ni par parties séparées, elle ne tombera par glissement sur Herbriggen. Depuis le premier jour d'observation du « Rutsch » jusqu'au 24. 2. 59, absolument aucun mouvement de terrain n'a eu lieu, aucun bloc ne s'est détaché du « Rutsch gebiet » et n'a roulé en bas vers la vallée. Sur les photographies aériennes du Service topographique fédéral du 14 octobre 1955, l'éboulis se présente dans toute son étendue, y compris la déchirure supérieure et les parties crevassées les plus profondes. Il s'agit donc d'un ancien mouvement de terrain qui après peu de mètres en est venu au repos. Je ne crois pas que des pierres ou des blocs isolés puissent atteindre Herbriggen en provenance du terrain de là Gugla. Il s'ensuit de là, que le village d'Herbriggen peut de nouveau être immédiatement habité et que toutes les mesures de sécurité et d'observation peuvent être levées. Zurich, le 3 mars 1959. » (sources NF du 18.06.1959)