Quelles stratégies les lépidoptères développent-ils pour résister à l’hiver ? Selon les espèces, ils hibernent au stade adulte ou sous forme d’œufs, de chenilles et de chrysalides. Greniers, trous dans les murs, fissures dans les écorces ou arbres creux leur offrent un refuge contre le froid, le vent, la pluie ou les chutes de neige. S’enfouir dans le sol permet à certaines chenilles de lutter contre les températures extrêmes. D’autres accumulent des substances antigel. La réduction progressive de leur teneur en eau et son remplacement par des glycols empêchent la formation de cristaux à l’origine de la rupture des parois cellulaires et de la mort des papillons. Le Citron hiverne en plein air, caché dans du lierre ou des feuillages persistants. C’est l’un des premiers à reprendre son vol au printemps.
Relique de l’ère glaciaire, le petit Apollon passe le plus souvent la saison froide dans l’œuf, quelquefois sous forme de chenille. Ailes fermées, le paon du jour se camoufle dans un abri tempéré d’où il ne bougera pratiquement pas en attendant le retour de la chaleur pour s’envoler. Il arrive que les petites Tortues (Aglais Urticae) hôtes des habitations et des granges servent de repas aux araignées. Les survivantes se réveilleront en mars-avril. Lors d’un mois de février plus doux, elles peuvent déjà quitter vaillamment leur planque. Si les rayons du soleil ne les réchauffent pas suffisamment, elles font vibrer leurs ailes. Par cette technique, leur température s’élève pour leur permettre de voler.
Si beaucoup d’espèces bravent les frimas en Valais, la Belle-Dame (Cynthia cardui) aux ailes fauve-rosé et le Vulcain (Vanessa Atalanta) associant les tons sombres et le rouge flamboyant constituent les meilleurs exemples de migrateurs au long cours. Parties en octobre, les premières sont capables de parcourir 500 km par jour pendant leur migration. On les rencontre sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique et de l’Amérique du Sud. Les seconds entreprennent des périples vers l’Italie, la Provence, les régions méditerranéennes et l’Afrique au climat plus clément. Au printemps, leurs descendants feront le trajet en sens inverse. Par milliers, ils s’engouffreront au cœur des vallées alpines, colonisant l’Europe Centrale et se reproduisant en cours de route. Pourtant, certains spécimens de la Belle-Dame et du Vulcain préfèrent se mettre en léthargie dans nos cantons plutôt que de se lancer dans la grande aventure. Si le Vulcain hiberne généralement avec succès, la belle-dame se montre moins résistante et périt souvent, son antigel fonctionnant probablement moins bien.