Rapide et nerveuse, cette magnifique couleuvre est le plus grand serpent de la faune herpétologique indigène du Valais. Plus longs que les femelles, les mâles peuvent atteindre 160 cm. Malgré leur taille, ils restent extrêmement discrets et difficiles à observer. Leur mimétisme est étonnant!
Comment les repérer dans la végétation dense lorsque leur couleur brun verdâtre les rend presque invisibles ? Des forêts de feuillus, des vieux murs, des ronciers…. Leur biotope est très varié. On découvre parfois, au bord de l’eau, des spécimens de cette espèce assez commune dans notre canton. Tout convient pour leur servir d’abri : des planches, des tôles, des plastiques, matériaux qui retiennent l’humidité et la chaleur. C’est là que les passionnés de serpents ont le plus de chance de voir des couleuvres gentiment lovées. Quelles extraordinaires rencontres ! Il en est d’autres, très surprenantes… sur des branches d’arbres ! Cette couleuvre arboricole se régale d’oisillons, d’où la nécessité de rechercher des nids. Elle ne dédaigne pas non plus les rongeurs dénichés dans les terriers qu’elle visite volontiers. Leurs accouplements sont spectaculaires et très proches de ceux des vipères. A l’issue d’un combat durant lequel les mâles s’affrontent sans se faire de mal, le plus fort s’octroie les faveurs de la femelle. Ovipare, celle-ci pond de 5 à 9 œufs dans du compost ou du fumier. Le lieu d’incubation est le même que pour les couleuvres à collier ; les jeunes, à la naissance, leur ressemblent à s’y méprendre. Comme elles, les petits portent un collier qui disparaît généralement au cours de la deuxième année.
Du fait que la couleuvre d’Esculape a beaucoup souffert des pesticides au cours des années 70, les très gros individus sont rares. Ces animaux risquent souvent leur vie en venant se réchauffer sur nos routes au printemps et par mauvais temps car le goudron est un excellent capteur de chaleur. Notre réseau routier constitue donc l’ennemi principal de ces couleuvres avec les faucheuses qui, à la période des foins, réduisent leurs populations et celles des orvets. Capturées, ces bêtes peuvent mordre très fort en se tortillant mais leur morsure ne comporte aucun risque. Le meilleur moyen d’éviter ce désagrément est de ne pas déranger une espèce protégée sur le territoire suisse qui, de plus, a été choisie comme l’emblème de la médecine.