Cypripedium calceolus, c’est ainsi que les scientifiques nomment le Sabot de Vénus, la plus grande et l'une des plus belles orchidées d'Europe. Originaire d’Asie et particulièrement de Thaïlande et des Philippines, cette espèce, actuellement menacée d’extinction, fait l’objet de mesures de protection dans de nombreux pays et figure sur la liste rouge en France.
Elle colonise avec succès les sols poreux et bien aérés du Valais, situés entre 300 et 2000 mètres d’altitude. Un gros labelle renflé d’un jaune cireux qui vire au blanc selon la luminosité, des sépales brun pourpré, souvent torsadés, de larges feuilles effilées à nervures saillantes, une hampe pouvant atteindre jusqu’à 60 cm…. Au cœur des forêts claires de feuillus mixtes ou de résineux, ces divins sabots se regroupent dans des clairières semi-ombragées, formant des touffes d’une délicatesse infinie au pied des sapins ou des hêtraies. Pour germer, ces orchidées qui réclament un dosage équilibré entre humidité et sécheresse estivale ont besoin de la proximité d’un champignon souterrain avec lequel elles vivent en symbiose. A l’âge adulte, la plante devenue indépendante, ne produira sa première fleur qu’au bout de 6 à 10 ans. Celui qui aurait la mauvaise idée d’en prélever pour la transplanter dans son jardin verra son projet échouer à moins qu’il n’emporte avec lui plusieurs mètres cube de terre et encore !
Lorsque l’orchidée rencontre des conditions idéales pour prospérer, entre la mi-mai et la mi-juillet, quelle extraordinaire vision que ces dizaines de « pantoufles » charnues, épaisses, éblouissantes qui se balancent au gré du vent, impatientes de piéger l’abeille attirée par son odeur et son éclatante beauté. Grâce à un mécanisme de pollinisation élaboré, l’insecte qui se pose sur le bord glissant de la poche ventrue de la fleur tombe à l’intérieur. En se débattant dans le couloir étroit qui le guide vers la sortie, il couvre de pollen son dos poilu. La fécondation d’autres plans est ainsi assurée.