Nant de Drance ! Plusieurs centaines d’ouvriers travaillent actuellement à la réalisation d’un projet hors norme : la construction, sous terre, d’une centrale de pompage-turbinage dans une caverne située entre les deux lacs de retenue, Emosson et Vieux-Emosson.
Ingénieurs, géologues, botanistes et zoologues allient leurs compétences pour mener à bien ce chantier exceptionnel : 17 km de galeries creusés en altitude et 1,7 million de m3 de roches excavés. Mise en service par étapes dès 2018, cette centrale sera l’une des plus importantes d’Europe avec une puissance totale de 900 MW et une production annuelle évaluée à environ 2,5 milliards de kWh d'énergie.
Une des priorités des responsables est de limiter au maximum les impacts générés sur l’environnement et le paysage par ces travaux titanesques. Fondé en 1993, « GRENAT Sàrl », un bureau spécialisé en géologie, forêt, faune et flore a été mandaté pour gérer les mesures de compensations et revitaliser les milieux naturels. Le biologiste Olivier Duckert et son collègue zoologue Bertrand Fuhrer s’occupent tout spécialement de l’aménagement des biotopes favorables aux batraciens dans le secteur Fond du Mont-Canal de la Lantze à Vernayaz, au lieu-dit « la Grosse Pierre ». Cette appellation fait référence à un bloc de roche qui s’est détaché de la falaise dans les années 1960. Des gouilles se sont formées à cet endroit, au milieu d’éboulis fracassés et entremêlés. Remarquable par sa sauvagerie, ce lieu abrite une forêt humide dont le rôle s’avère crucial pour épurer naturellement l’air et l’eau. Poussant en zones inondables, les arbres se perchent sur des racines aériennes émergeant d’une terre marécageuse. Des fées dansant entre les lianes ou des sorcières en quête de bave de crapaud ne risquent-elles pas d’apparaître ? L’aménagement récent des biotopes humides favorables aux crapauds Bombina Variegata pourrait le laisser supposer. Ces sonneurs à ventre jaune commencent, dès à présent, de s’approprier les premières gouilles. Olivier Duckert et Bertrand Fuhrer, à qui incombent la responsabilité du site, suivent de près la colonisation des mares par ces charmeurs verruqueux qui semblent s’y plaire.