Avant la première offensive du froid, feuillus et conifères organisent un festival de couleurs, de lumières et de chaleur : les rouges explosent parmi des gammes de verts tandis que les jaunes se voudraient aussi éblouissants que l’or des mélèzes. Sur les pentes escarpées faites de roches et de végétation rase, les colonies de mouflons s’agitent et déboulent en masse entre les épicéas.
Les mâles aux aguets mettent beaucoup d’ardeur pour conquérir des brebis qui ne sont pas toujours des plus consentantes. Les coquines se désintéressent trop souvent du manège de leurs prétendants qui, babines retroussées, les poursuivent assidûment en humant leurs effluves et en se frappant l’arrière-train de leur patte avant droite ! La taille de leurs imposantes cornes en spirales et la surface de la tache blanche ornant leur épaisse fourrure foncée sont des signes de supériorité qui les distinguent de leurs congénères.
Des luttes d’intimidation, des combats caractérisés par de spectaculaires chocs frontaux marquent fréquemment la période du rut. Chaque mouflon tente de s’approprier le plus grand nombre de femelles. Seuls, les plus puissants gagneront le droit de se reproduire. Au terme d’épuisantes dépenses d’énergie, les groupes se sépareront pour affronter l’hiver dans les meilleures conditions et les femelles emporteront avec elles, la promesse de nouvelles vies.