Acrobate, équilibriste, contorsionniste, le cincle plongeur est un petit passereau trapu au dos ardoisé, au plumage brun fauve orné d’un éclatant plastron blanc qui permet de le localiser assez facilement dans ses biotopes favoris.
En plaine ou en montagne où on le retrouve jusqu’à 2’500 mètres d’altitude, il déborde d’activité, ne s’accordant que de très rares instants de repos, volant d’un perchoir à l’autre, effleurant rivières sinueuses au cours rapide, plongeant dans les torrents, surgissant d’une cascade tumultueuse. L’hiver, des plumes denses et une sous-couche de duvet très fournie le préservent de la morsure des eaux glacées.
Etonnant à tous points de vue, cet oiseau d’à peine 75 grammes est le seul de son espèce à privilégier les ruisseaux clairs, graveleux, peu profonds et riches en oxygène. Quand il part à la pêche, il plonge d’abord la tête la première dans l’eau, avant de s’immerger complètement. Résistant à la force du courant grâce à ses griffes et à la puissante musculature de sa poitrine, il marche sur le fond, à contre-courant, retournant les pierres avec son bec et fouillant les plantes subaquatiques pour débusquer larves, invertébrés, mollusques, vers, crevettes et occasionnellement de petits poissons. Lors des crues, il cherche fourmis, coléoptères, mille-pattes et araignées sur la terre ferme. Le cincle procède avec beaucoup de soin à sa toilette, nettoyant et lissant son plumage presque toujours sec, imperméabilisé grâce à une glande sébacée située près de sa courte queue. Lors de ses plongeons, ses narines s’obstruent, ses conduits auditifs se bouchent sous les replis de la peau et ses yeux sont protégés par des lunettes blanches, plus exactement par une troisième paupière translucide. Cette membrane nictitante est visible quand il fait des clins d’œil pour se débarrasser de gouttelettes gênantes.
Durant les parades qui débutent en février-mars, le merle d’eau tente de séduire une femelle en chantant à tue-tête. Ailes entrouvertes qu’il secoue régulièrement, balancements répétés, queue relevée ou en éventail… tous les moyens sont bons pour charmer sa compagne. Une stratégie passionnante ! Ensemble, ils batifolent sous un pont, derrière une cascade, dans un mur ou une souche d’arbre proche de l’eau. Certains individus, en phase de construction, arrachent des bouts de mousse, les trempent dans l’eau et en ressortent une espèce de boulettes enrobées de boue qu’ils déposent par paquets sur une pierre. Ceux-ci sont régulièrement emportés pour construire ou consolider le nid qui accueillera tout bientôt leur progéniture.