D’une superficie de 14 hectares, le marais de Vionnaz constitue le dernier vestige des 700 hectares de tourbières que comptait, vers 1900, la plaine chablaisienne entre Vouvry et Collombey-Muraz. Son histoire débute voici 12000 ans après la dernière glaciation, quand la plaine du Rhône ressemblait à un vaste champ de gravier à moitié inondé.
Au fil du temps, une maigre végétation s’implante dans les étendues graveleuses. Un plan d’eau bordé de quelques roseaux se love bientôt dans une cuvette à fond limoneux étanche. Les végétaux se développant, des débris s’accumulent au fond de la gouille, formant une couche noire. Vers 6500 avant JC, nos ancêtres trouvant l’endroit intéressant, s’installent dans une grotte proche des Rigoles ; des pointes de flèches en silex, des ossements de poissons, de castors et de tortues d’eau attestent de leur présence. Peu à peu, la tourbe finit par remplir la cuvette. En 1600 après JC, de petits monticules de sphaignes, mousses spongieuses, transforment le paysage.
En 1938, des canaux de drainage sont creusés pour réguler le niveau d’eau trop élevé. Une partie des prés avoisinants sert de prairie de fauche tandis qu’une tranche de tourbe est exploitée comme combustible durant la seconde guerre mondiale. En moins de 50 ans, la tourbière s’assèche, s’envase et devient une forêt banale. Afin de sauver le plus grand marais de la plaine du Rhône en Bas-Valais classé d’importance nationale, des interventions complexes furent nécessaires pour réintroduire l'eau et le subdiviser en compartiments à niveaux réglables. L'inondation contrôlée empêche ainsi la repousse des buissons et évite de futures opérations de débroussaillage. Pour parer au risque de contamination du site par les engrais des cultures voisines, une zone tampon sans engrais fut délimitée et des canaux évacuent les eaux de ruissellement à la limite des cultures.
Actuellement, les Rigoles s’étendent sur une superficie de 27 hectares et comportent des forêts humides, une roselière, un étang pour les oiseaux, des petites gouilles pour les batraciens et une tourbière, la seule en plaine de toute la Suisse Romande. Rarissime, le rossolis carnivore s’est implanté dans ce sol acide et pauvre en éléments nutritifs.