Les attaques du loup sur le bétail rendent la cohabitation homme-loup difficile. Nombreux sont ceux qui peinent à comprendre la tendance du loup à commettre des « massacres », tuant plusieurs moutons, sans pour autant les manger.
Il est immédiatement dépeint comme un être cruel et sanguinaire. Il s’agit là, plus simplement, de l’instinct primaire de tout prédateur appelé «over-killing » : mis en face d’un nombre de proies prises au piège et affolées, son excitation va prendre l’ascenseur et le conduire à tuer un grand nombre d’entre elles. Tout comme le renard dans le poulailler ou le chat devant une cage à oiseaux ouverte ! Malgré ce que l’être humain peut penser, cet instinct n’a strictement rien à voir avec de la cruauté (apanage exclusif de l’homme) mais simplement d’une phase d’excitation dont le prédateur est « victime » puisqu’elle est marquée dans ses gênes ; elle est donc incontrôlable même si fort dommageable pour les malheureux éleveurs.
Cette proximité avec le loup pose donc problème. De récentes études rapportent que le loup tend à s’approcher plus près des habitations que par le passé, comme ce fut le cas il y a peu à Fribourg. Contrairement aux idées reçues, cela ne provient pas d’animaux « domestiqués » ou potentiellement dangereux, ayant perdu la peur de l’homme. Derrière ces fugaces apparitions se cachent une raison toute simple : le loup suit simplement les migrations de ses proies ! En effet, cerfs et chevreuils se rapprochent fréquemment des habitations, cherchant la protection ou de la nourriture en période hivernale. Les brèves incursions de certains loups, pratiquement toujours nocturnes, ne sont donc dues qu’à son besoin de se sustenter. Une fois repéré par l’homme, il quittera le territoire assez rapidement pour retourner à couvert, dans les forêts et montagnes. Beaucoup souhaiteraient le voir ou le photographier, très peu y parviennent… Même si le territoire suisse est plus restreint, il restera toujours un fantôme, très difficile à observer car timide et peureux.
Le rôle du loup dans l’écosystème a été établi par de nombreuses études, notamment dans le Parc Yellowstone aux Etats-Unis. Suite à sa réintroduction il y a une vingtaine d’années, de nombreuses espèces florales et animales ont réapparu. Il a redistribué les cartes en bouleversant les habitudes et la migration des cervidés, devenant sédentaires sans prédateurs. Le renouvellement du Parc de Yellowstone prouve que les loups ne déciment pas leurs proies mais permettent, au contraire, de trouver un équilibre et favorisent une meilleure répartition des différentes espèces animales. La flore en profite également, repoussant à des endroits où auparavant, les herbivores ne lui laissaient guère de chance de se développer. En Suisse, Le Plan du Loup, publié par l’Office Fédéral de l’Environnement, prévoit toutes les lois relatives au loup, à sa régulation ou aux débordements pouvant découler de sa présence. Une fois débarrassé de tous les vieux mythes qui le rendent injustement impopulaire, l’homme n’a donc pas à craindre le loup. Ou alors une remise en question de fond doit avoir lieu pour les 525'000 détenteurs de chien en Suisse…