La présence humaine reste souhaitable et améliore considérablement la fiabilité des divers moyens de protection. Mais le métier de berger connaît un succès variable même s’il semble retrouver un peu de couleur ces dernières années.
La formation existante est très accessible et attire chaque année quelques dizaines de personnes. Cependant, si l’on souhaite la rendre populaire et plus effective à l’avenir, elle devrait bénéficier de davantage de publicité dans les médias, de plateformes internet d’échange où les agriculteurs et les bergers pourraient se trouver plus aisément. En effet, les éleveurs peinent à rencontrer des personnes intéressées, sérieuses, ayant de l’expérience et désirant rester toute la durée de l’estivage voire revenir les années suivantes. Un réel problème pour eux, qui doivent rester sur leur exploitation pour s’occuper des cultures et autres travaux estivaux. Il est aussi important de mentionner que la profession de berger est assez marginale, il n’est pas aisé de rester plusieurs mois seul en montagne et s’occuper d’un troupeau de plusieurs centaines de bêtes. Le profil des candidats pouvant convenir est très restreint, notamment à cause de sa durée très courte sur une année civile. Le salaire est bas et ne permet en aucun cas à un salarié de couvrir ses frais s’il se décide à prendre des congés non payés. Là encore, il serait approprié d’élargir les avantages offerts aux bergers, ce qui agrandirait le champ des possibilités pour les personnes potentiellement attirées par cette profession saisonnière.
Une fois le berger trouvé, une autre problématique fait alors son apparition : il est nécessaire de posséder une structure (chalet/cabane) pour l’héberger durant l’estivage. Malheureusement, tous les élevages n’en possèdent pas et se voient donc dans l’impossibilité d’engager un berger. Ils surveillent donc leur troupeau en se déplaçant plusieurs fois par semaine mais, sans présence ni surveillance humaine constantes, ils sont alors plus vulnérables aux attaques du prédateur. Certains confient leurs bêtes à d’autres éleveurs, des regroupements de plus en plus à la mode. Il existe également des cabanes mobiles pouvant être héliportées sur les lieux mais leurs coûts sont exorbitants et, pour l’instant, aux frais des éleveurs. Les cantons commencent à mettre en place des mesures en la matière, le problème semble avoir été pris en compte mais la mise en place prendra encore du temps.
L’Office Fédéral de l’Environnement (OFEV) prend assurément la gestion du loup très au sérieux et travaille sans relâche afin de trouver des solutions durables pour garantir une meilleure cohabitation entre le prédateur et les éleveurs. Il reste la problématique de l’application des directives dans les différents cantons suisses. Elle se heurte, bien souvent, à la politique et aux mentalités qui sont propres à chacun et qui expliquent les diverses façons de régler le cas du loup. Les Grisons est le seul canton qui gère de manière très stricte la non-application des moyens de protection : en cas de perte de bétail, les élevages non protégés se voient refuser toute indemnité. En Valais ou à Fribourg, les élevages se verront systématiquement indemnisés, peu importe qu’ils soient ou non protégés ! Une uniformisation des directives à tous les cantons serait donc judicieuse et permettrait une meilleure transparence en matière de gestion des prédateurs.
Il est aussi important de mentionner que toutes les pertes de bétail annuelles ne sont pas dues aux prédateurs, bien au contraire. Sur les 230'000 moutons paissant sur les pâturages suisses, 4400 d’entre eux trouvent la mort chaque été. Seuls 250 trépassent sous les crocs du loup, du lynx voire de l’ours. Le reste, soit 4150 moutons, meurt de soif, de dérochages, de blessures ou de maladies. Le loup n’est donc pas responsable de toutes les pertes occasionnées mais de seulement 5% d’entre elles. Et tous les élevages attaqués n’étaient pas aux normes en terme de protection, rendant alors la tâche bien plus facile au prédateur…